Je travaille dans les ressources humaines et le recrutement depuis de nombreuses années pour deux raisons principales : je veux contribuer à l’optimisation du fonctionnement des organisations, au bénéfice de l’entreprise et des collaborateurs. Et surtout parce que j’aime mes semblables. Rencontrer des personnes différentes tous les jours est un privilège et un plaisir dont je ne me lasse pas.
Heureusement, car de l’amour pour son prochain, il en faut une bonne quantité pour continuer à garder son enthousiasme et sa motivation en lisant cet article :
Mais quel parcours de vie peut conduire des êtres humains à penser qu’ils sont le problème, et que le fonctionnement de leur cerveau est tellement imparfait qu’il faut le remplacer impérativement et rapidement par des machines ? Qu’une relation entre deux personnes est toujours polluée et non améliorée par l’émotion, les expériences vécues et les apprentissages précédents ? Je suis évidemment en faveur de la lutte contre les discriminations, et pour un traitement équitable et juste de tous les candidat-e-s. Mais cela justifie-t-il de leur imposer une séance de questions ennuyeuses, dénuées d’empathie et d’humanité ? Cela justifie-t-il de laisser les serviteurs du Dieu objectivité nous culpabiliser en permanence sur nos prétendus biais humains, et devenir ainsi la seule espèce assez stupide pour travailler à sa disparition et à son remplacement par des ersatz qu’elle a elle-même créés à son image, c’est-à-dire imparfaits ?
En effet, rien ne prouve que ce robot élimine les discriminations. Nous n’avons pas tous les mêmes capacités à interagir avec la technologie. Il suffit de pratiquer les entretiens par vidéoconférence pour observer d’importantes différences culturelles et personnelles. Je serai d’ailleurs très probablement dans le camp des discriminés, car j’éprouve beaucoup de difficulté à garder mon sérieux et ma concentration lorsque je dois discuter avec une « lampe », même si elle a un visage humain !
Surtout qu’au moment de la décision, des facteurs non objectifs referont inévitablement surface. Lorsque je recrutais pour ma propre équipe, je n’ai jamais engagé de personnes avec qui je n’avais pas envie de passer du temps.
Alors, quelles solutions ? Toujours les mêmes :
- D’abord, celle qui prend du temps, qui coûte cher en ressources et en temps : l’éducation. Si l’on veut vraiment réduire les discriminations, donc les préjugés qui les sous-tendent, il faut former et éduquer partout et en tout temps. La connaissance de soi et de l’autre est le meilleur rempart contre l’obscurantisme, le racisme, le sexisme et toutes les dérives
- Ensuite, continuer de faire confiance à la majorité qui se comporte bien, même si l’on est parfois confronté à des personnes malhonnêtes, plutôt que de créer des règles et des outils lourds et inefficaces pour se donner bonne conscience
- Finalement, combattre les vendeurs de gadgets et les prosélytes de l’égalitarisme en ne se laissant pas tenter par l’illusion de l’objectivité absolue.