Les entreprises suisses vivent depuis quelques mois des turbulences d’autant plus graves et sournoises, qu’elles sont presque invisibles et totalement sous-estimées. Il ne s’agit pas des conséquences de l’abandon du taux plancher par la BNS dont on parle abondamment dans les journaux et les cercles politiques et économiques, mais de l’obligation de l’enregistrement du temps de travail.

Mais pourquoi est-ce si grave ?

  • Est-ce parce que les représentants de l’économie n’ont pas mesuré les conséquences et les coûts de cette nouvelle ordonnance, considérant probablement qu’il s’agit d’un sujet ressources humaines, donc de moindre importance ?
  • Est-ce parce que les syndicats ont réussi un coup magistral, en rétablissant le paradigme qui leur est si cher, à savoir la lutte des classes : patrons exploiteurs contre employés victimes ?
  • Est-ce parce que l’Etat a fait une avancée majeure dans sa volonté de s’immiscer dans la gestion des entreprises, considérant qu’il est le seul garant de l’éthique et ainsi l’unique arbitre ?
  • Est-ce parce que les autorités politiques ont donné le pouvoir à une minorité de technocrates du SECO de définir les relations de travail, remplaçant ainsi le bon sens par la procédure universelle ?

Non, c’est grave car la philosophie qui sous-tend ce changement est aux antipodes du modèle helvétique : on passe d’un modèle coopératif basé sur la confiance et la bonne foi, à un modèle construit sur la méfiance et la confrontation. Un modèle qui laisse penser que tous les employés passent leur journée le nez sur la pendule, dans l’attente angoissée de pouvoir enfin fuir ce lieu si toxique : leur place de travail !

Les conséquences de ce virage n’ont pas fini de dégrader les conditions de travail des employés et la compétitivité des entreprises suisses.